La Commission refuse d’envoyer un commissaire à Kuujjuaraapik
IQALUIT — Puisqu’elle n’est pas d’accord avec le rapport final qu’elle n’a d’ailleurs pas l’intention de signer, un membre dissident de la Commission du Nunavik affirme que cet organisme refuse de l’envoyer à l’assemblée générale de la Société Makivik.
La commission se servira de cette rencontre pour rendre publiques ses recommendations concernant le plan, l’opération et la mise en place d’un nouveau gouvernement régional pour le Nunavik.
Selon la commissaire Annie May Popert, qui a publiquement accusé la commission d’avoir passé outre le droit d’auto-determination des Inuit du Quebec, la commission n’a pas l’intention de défrayer le coût de son assistance à l’assemblée générale de Makivik.
“On m’a dit que je pourrais y aller si j’avais le goût d’y assister, mais seulement si je voulais payer moi-même le trajet,” a dit Mme Popert.
En février Mme Popert a émis une série de critiques sevères axées sur le travail accompli par la commission jusqu’à présent. Elle refuse d’ailleurs de signer le rapport final de la commission.
Mme Popert suggère que le gouvernement du Québec utilise la commission pour imposer les conditions préalables à un nouveau gouvernement au Nunavik. Ces conditions mettraient en péril le droit des Inuit à l’auto-determination si jamais le Québec se sépare.
Dans un décret du conseil exécutif daté d’octobre 1999 qui appuyait la création de la commission, le gouvernement du parti québécois disait que tout gouvernement au Nunavik aurait à respecter “l’intégrité territoriale” du Québec et “l’effectivité” de son gouvernement.
La notion d’un Québec souverain est implicite dans l’expression “integrité territoriale” donc il n’est pas question de partition suite à une séparation du Canada.
Par contre les Inuit qui restent à l’intérieur et à l’extérieur de Nunavik ont toujours dit que ce sont seulement les Inuit du Nunavik qui detiennent le droit de décider de leur avenir politique advenant la séparation eventuelle du Québec.
Mme Popert soutient que la commission a detourné tous ses efforts à soulever cette question ainsi que d’autres points qui touchent aux droits des Inuit, en refusant d’inclure ses commentaires dans les procès-verbaux ainsi que dans le rapport final de la commission.
C’est pourquoi Mme Popert dit qu’il est essentiel que quelqu’un soit présent à l’assemblée annuelle de Makivik pour soulever ces préoccupations.
“C’est très, très important que quelqu’un puisse discuter des lacunes du rapport,” dit-elle.
Mme Popert dit toutefois que le rapport contient des recommendations qu’elle soutient.
“Il y a beaucoup de contenu valable dans ce rapport. Il y a même des suggestions qui nous donneront plus de pouvoir, mais ce n’est pas le contenu du rapport qui me préoccupe pour autant,” dit-elle.
Mme Popert dit que le fait de ne pas traiter de questions telles que la succession du Quebec et l’effet de la loi 99 constituent des “pièges qui nous sont posés.”
Curieusement le commissaire nationaliste Me André Binette refuse lui aussi de signer le rapport, ce qui demeure un geste incompréhensible pour Mme Popert.
“Il a plus ou moins réussi à gagner tout ce qu’il voulait. Il a soulevé certains points qui ont tous été appuyés. Toutes les petites affaires qu’il voulait voir dans le rapport sont là,” dit-elle.
Popert dit n’avoir pas encore pris la décision de défrayer elle-même les coûts de son assistance à l’assemblée annuelle de Makivik.
“Il faut que j’y pense. J’espère que les gens se rendent compte du défi que ceci me pose. Mais bien des gens m’ont appelée pour me communiquer le même message,” conclut-elle. “On est content que vous ayez parlé ouvertement,” lui ont-ils dit.
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