Un grand coup de collier!

By NUNATSIAQ NEWS

Un beau soleil comme on a eu cette semaine, ça me fait penser à une jument noire que j’ai connue. C’était pas vraiment à moi, mais je l’aimais tellement! À chaque année, quand je sens le printemps revenir, ça me fait un petit pincement de coeur, rien que de penser à elle.

C’est ça qui me manque des fois ici, des chevaux et des érables. Surtout quand le soleil nous pète les pupilles et qu’on sent que c’est le temps pour la sève de monter dans les bourgeons. Ça fait six ans que je rate complètement le temps des sucres! Vous auriez dû voir ma noire tirer sa tonne d’eau d’érable en ouvrant son chemin dans quatre pieds de neige molle! Pour avancer, elle se cabrait sur ses pattes d’en arrière et puis oups! Un grand bon en avant!

Je devrais plutôt vous parler de chiens de traîneau x qui tirent un kamotiq sur la toundra du Nunavut! Je connais un gars qui sait en parler beaucoup mieux que tout ce que je pourrais écrire. Il se nomme François Beiger, il vient de l’Alsace en France et d’après mes calculs, ce monsieur est dans la cinquantaine. François est parti de Chissassibi au Nouveau Québec et, petit train va loin, il se dirige vers Kuujjuaq sur son traîneau que tirent courageusement ses seize chiens. Aux dernières nouvelles, il était rendu à Ivujivik. Ça lui fera un voyage de 2300 Km.

Vous voulez discuter avec lui? Allez visiter le site Internet du Toit du Monde dont vous trouverez l’adresse au bas de cette page, ouvrez la chronique Cyberarctique de Stéphane Cloutier et vous allez pouvoir lire jour après jour son journal de traîneau. Car à tous les villages qu’il rencontre, il sort son ordinateur portable, le fait dégeler pendant trois heures et met en ligne ses aventures. François vous invite à verser une contribution pour aider la recherche sur la trisomie. À sa naissance en 1973, son fils était affecté de cette déficience mentale. François me fait penser aussi à la jument de tout à l’heure. Il tire un peu le monde derrière lui.

D’autres qui auront à tirer un gros traîneau, ce sont nos 19 députés élus! Le porte en porte est terminé, l’euphorie de la victoire électorale commence à retomber, et le premier avril s’en vient à grand pas. Par où commencer? L’éducation? La santé? Le logement? Le développement économique? La défense de la langue? La justice? Tout est urgent, à bien y penser. Et à cause de l’importante couverture médiatique dont fait maintenant l’objet le Nunavut, de plus en plus de gens s’intéressent à ce qui se passe ici.

Il y en a qui pensent que quelques grosses mines en opération régleraient tous nos problèmes en créant du même coup de l’emploi et des revenus. Comme s’il y avait là un fétiche, une solution miracle à tous nos maux. Même si 60% des ressources minérales du Canada se trouvent en territoire autochtone ou Inuit, il n’est pas évident que les corporations multinationales voient toujours d’un très bon oeil le respect des accords ou ententes de revendications territoriales!

Par exemple, la Compagnie BHP vient de réagir plutôt négativement à la décision du Tribunal des eaux du Nunavut d’exiger un dépôt de $350 000 à $2M pour son projet d’exploitation du gisement d’or Boston, à Bathurst Inlet.

Mais la vraie histoire d’horreur qu’il faut surveiller de près, c’est le cas de Voisey’s Bay au Labrador. Tout était en place pour une histoire à succès. Le plus gros gisement de nickel jamais découvert au Canada, une concentration exceptionnelle de nickel dans le minerai, la proximité de la mer, un prix de revient éventuellement dérisoire pour toutes ces raisons, et la plus grosse compagnie de production de nickel au monde, Inco, qui s’investit dans le projet. Qu’est-ce que vous espérez de mieux? C’est pas ça qu’on souhaite de tout coeur au Nunavut?

Aujourd’hui ce grand rêve de la plus grosse mine de nickel au Canada qui devait créer 1500 emplois s’est changé en cauchemar. Inco vient d’annoncer encore cette semaine le licenciement du tiers de son personnel administratif à St.-Jean, Terre-Neuve.

Il semble qu’entre autres facteurs, la résistance obstinée de Terre-Neuve de ne pas reconnaître pendant des années le principe des droits ancestraux aborigènes et le principe d’autodétermination a constitué un grain de sable important dans l’engrenage. Même obstination pour Inco qui n’en est pas encore venu à un accord sur les impacts de la mine et les dédommagements à verser aux Inuits et Innus de la région. Pendant ce temps, les actions en bourse de Inco dégringolent avec l’affaissement des pri x des minéraux sur le marché international.

Notre nouvelle Assemblée législative s’engage sur une glace mince avec peu de marges de manoeuvre, mais ils doivent donner les coups de collier dans la bonne direction!

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